Des cris percent le silence du nord et de l’hiver, des cris d’enfants, de nourrissons, mais également des cris d’une femme :
« NOOOOON ! VOUS NE POUVEZ PAS ME LES PRENDRE ! MES PETITS ! »
Sans un mot, la sage-femme découpa le cordon, arracha le placenta et pris les deux garçons qui avaient quelques minutes à peine. Elle s’approcha du fond de la grotte, là où les carcajous se plaisaient à rester, et y jeta le placenta que les deux frères avaient partagé pendant tant de temps comparé au peu de temps qu’il leur restait à vivre.
Un murmure franchi les lèvres de la vieille femme : « Que Mapun vous protège, Leiff ne peut plus rien pour vous. » Elle les posa au sol, puis se détourna. Les bruits de mastication ne pouvait laisser aucun doute à leur mère, et elle pleura toute les larmes de son corps, cela faisait bien trop de fois qu’elle perdait ainsi des enfants, mais deux…
Quelques minutes plus tard, à nouveau des cris, c’est à se demander si les carcajous en auront fini un jour. La sage-femme se décida à aller jeter un œil aidée d’une torche. Quelques traînées de sang à l’endroit même où elle les avait laissés. Pourtant à la lueur elle découvrit un corps de carcajous, puis deux. Des grognements la firent se figer. Lentement elle se tourna, et éclaira le coin de la grotte. Elle comprit alors que Mapun avait définitivement marqué ces enfants, les voyant téter les mamelles d’une femelle sans petit, protégée par un mâle déjà blessé par de nombreux combats.