Être une femme – PA§1


Je suis Meriamné, troisième fille du druide José à son grand dam. Depuis mon plus jeune âge il répète tous les jours que les dieux l’ont maudit pour avoir autant de femmes, qu’il n’a pas dû faire ce qu’il fallait, qu’il les a sûrement contrariés sans le vouloir mais rien ne change, les dieux font la sourde oreille et ne répondent pas à ses prières. Mais cette fois-ci ce sera la bonne, il est convaincu que sa femme, ma mère, accouchera d’un garçon…

Peu après les cris féminins, des hurlements masculins suivirent. Des pleurs de nourrisson se firent entendre, des cris d’autres personnes se mêlèrent. Mes sœurs et moi nous nous pressions pour rentrer dans la hutte pour voir juste à temps le visage divin de notre quatorzième sœur…avant que le druide ne la prive de sa lumière comme il l’a promis aux dieux ! , éructa-t-il. Une fois cette atrocité commise, il se tourna vers nous avec une lueur de folie dans le regard.

« Les dieux vous ont donné à moi, mais moi je ne vous veux pas !!! »

Ma mère essaya de le retenir mais José en profita pour lui rappeler qui était le druide en lui assénant une gifle qui manqua de la faire tomber de la couche. Ne sachant que faire, nous espérions qu’il entende raison, mais nous comprirent notre tort lorsqu’il abattit sa serpe tellement fort sur notre plus jeune sœur, qu’il fut obligé de la laisser dans son crâne. Nous fûmes pris d’un mouvement de panique et nous essayâmes désespérément de fuir, de sortir de la hutte, mais en vain. Acculées, apeurées, sous le joug du druide, nous allions perdre notre lumière. Mais les ainées s’interposèrent suffisamment longtemps pour permettre aux plus jeunes d’essayer de fuir.

Des quinze je suis la seule pouvant enfin voir le visage de notre petit-frère tant attendu présenté au cercle restreint des druides. Mon père a enfin quelqu’un à qui transmettre le druidisme et j’en suis heureuse pour lui. Mais aujourd’hui je suis triste. Je suis triste pour mes sœurs car si les dieux avaient entendu nos prières plus tôt, elles et moi pourrions le tenir dans nos bras… et j’en pleure à chaudes larmes. Mes sanglots firent-ils trop de bruit que son regard assassin se tourna vers moi, m’a-t-il entendu et reconnu mes pleurs après toutes ces années ? Ce ne peut être cela, je sens encore sa serpe fouiller mes entrailles alors que cela fait bientôt une décennie que j’ai quitté le monde des vivants avec mes sœurs.

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