Echange – PA§Prologue


Le soleil n’était pas encore apparu que déjà Yohwann préparait son équipement dans la brume éternelle du volcan. Il vérifiait son filet, ses hameçons, son coutelas comme son père avant lui et le père de son père. Et maintenant il était lui-même en train d’apprendre à son fils. Mais le temps filait, les premières lueurs commençaient à poindre, et il devait partir pour bénéficier du maximum de luminosité matinale.

Son fils l’aida à tout mettre dans son embarcation. Une fois cela effectué, Yohwann le serra si fort dans ses bras, tellement fort qu’on aurait pu croire qu’il voulait faire rentrer une partie de son fils à l’intérieur de son corps pour l’emmener avec lui. Le premier halo fit son apparition, puis la brume s’illumina, tel un manteau de lumière, montrant les récifs en ombres chinoises. Ce n’était pas la première fois qu’ils assistaient à ce spectacle, pourtant Yohwann était toujours autant émerveillé que la première fois qu’il l’avait vu avec son père. Yohwann se retourna pour regarder son fils comme si cela devait être la dernière, puis ils disparurent l’un pour l’autre dans la brume.

Yohwann revenait de sa campagne en mer, jamais n’avait–elle été aussi généreuse, il ramenait un aegriss femelle et plein apparemment. Sa femme allait avoir du travail, la tribu allait pouvoir rendre grâce, et il allait atteindre un statut plus important au sein de la tribu. Il attendit la dernière nuit devant le manteau de brume, et il rêva de sa famille…

Les premières lueurs commencèrent à crever la nuit, allumant les récifs dans des couleurs de feu, Yohwann était fatigué mais le soulagement de rentrer à terre lui conférait des réserves insoupçonnées. En approche de la côte, il commença à souffler dans la conque pour signaler son arrivée. Un soupir de soulagement lui échappa lorsqu’il aperçut des silhouettes à travers la brume. Pourtant il ne put apercevoir celle qu’il attendait le plus.

Sa femme était là, l’air grave, avec ses deux filles, la plus jeune avait les yeux rougit par les pleurs. Un étau commença à enserrer son cœur. Son fils, la chair de sa chair, avait disparu dans la brume le jour de son départ. En cet instant la brume lui avait pris beaucoup, plus que ce qu’elle lui avait donné.


Laisser un commentaire