Tourbebrune est le royaume de l’eau et de la terre.
Les tourbières situées aux frontières du royaume auquel elles ont valu son nom, bien que très humides, jouissent d’un temps clément et chaud. Aux endroits les plus secs, la végétation est composée de quelques herbes hautes et de petits bosquets d’arbres touffus. Les tourbières peuvent se révéler extrêmement dangereuses pour ceux qui n’en sont pas familiers.
Les marais du centre peuvent paraître tour à tour sombres et inquiétants ou lumineux et accueillants. Les dangers y sont multiples, sangsues, lianes étrangleuses, plantes à dents, émanations de gaz… Pourtant, leurs habitants y vivent en toute quiétude, juchant leurs cabanes sur d’immenses arbres pilotis, et des villages entiers sur les plus gros. Au centre des marais se situe une butte sèche, c’est à cet endroit que les hommes ont bâti la capitale : Serpentine. Elle constitue la seule ville des marais et la plus grande du royaume. Elle est entourée d’arbres-pilotis qui servent de fortins protecteurs. Des défenses bien nécessaires car c’est depuis Serpentine que règne la dynastie des Vortirain, descendants du fondateur de Tourbebrune. Ou régnait ; car en l’absence d’héritier depuis le Roy Maëliss Voritrain, il y a presque cinq siècles, la famille royale s’est éteinte et le trône est maintenant assuré par la descendance de son ami, la famille régente de l’aspic, Wyl.
Les villages de Tourbebrune sont aussi nombreux qu’éparses dans les marais, ils sont construits sur les arbres-pilotis dont on coupe l’énorme tronc afin de ne garder qu’une plateforme au-dessus des marais montée sur leurs énormes racines. Le danger essentiel des marais de Tourbebrune est le gaz que peuvent parfois relâcher les tourbières.
Origine
Il y a environ un millénaire eut lieu le Grand Cataclysme, le contivent du Pays des Brumes heurta le contivent d’Erheness de plein fouet. Du grand fracas de cette rencontre naquirent les volcans de la grande chaine du Bord du Monde. Le ciel se couvrit alors de cendres et de poussières. Sur les Hauts Plateaux, déjà en proie à de terribles luttes territoriales entre les tribus, les affrontements redoublèrent d’intensité et les récoltes et gibiers se firent plus rares.
Alors les Dieux, dont les humains commençaient à se détourner, dépêchèrent leur Hérauts Animaux pour guider les hommes. Vortirain, aimant toutes choses sur le contivent, savait que le serpent était un animal méconnu et mal apprécié, il le choisit de peur que les autres élus ne le délaissent. L’animal quant à lui alla dans les tourbières puis dans les marais avant d’enfanter, de peur que les autres animaux ne se déplaisent dans cet endroit trop humide.
Vortirain aida le serpent à faire son nid, le suréleva pour qu’il soit bien au sec et lui apporta même à manger quelques petits batraciens. Il se fit fort d’également le protéger avec le reste de sa famille ; ses frères montèrent la garde jour et nuit, ses sœurs lui emmenèrent à manger ; jusqu’à cette fameuse aube où des petits virent le jour. C’est sur le lieu de ce miracle que Vortirain établit son peuple et sa capitale, Serpentine.
Une fois son peuple installé et en sécurité, Vortirain partit avec ses plus fidèles compagnons explorer le territoire de ce qui allait devenir le royaume de Tourbebrune. Les légendes racontent qu’il connut moult périples, s’enfonçant dans les régions alors inconnues et y affrontant les créatures abjectes qui y vivaient.
Une centaine d’année s’écoula au cours de laquelle la population façonna son mode de vie. Puis une guerre éclata avec Ventedru, le voisin du Nord. Depuis leur installation, les habitants de Ventedru vénéraient les Grands Veneurs, Aerlioss et Lorwin, qui de leurs souffles puissants avaient chassé les poussières du Grand Cataclysme. De nombreux prêtres originaires de Ventedru et servant les deux divinités avaient tenté de convertir le peuple de Tourbebrune mais les marais et tourbières n’étaient pas un terrain très propice pour ces dieux aériens. Il en fut ainsi jusqu’au jour où Caerlon le Dévot, Roy de Ventedru, décida qu’en tel cas, pour propager la foi, il fallait l’apporter par le fer. D’un naturel plutôt pacifique, les gens de Tourbebrune furent rapidement mis à mal et en quelque mois déjà Serpentine se retrouva assiégée. Seule une intervention divine pouvait sauver les descendants de Vortirain. Et c’est ce qui arriva…
Suite à cette guerre, fut fondée la Garde-Serpent, les protecteurs du royaume. Tourbebrune se replia sur elle-même, vivant en quasi autarcie pendant près de deux cent ans. C’est surtout depuis cette époque que le culte des ancêtres est devenu la religion officielle et que les morts sont embaumés dans la tourbe en reconnaissance de celui qui sauva la cité autrefois…
Cependant, les évènements ont commencé à changer il y a de cela cinq cent ans avec l’arrivée des cultes de Kreoss et Urugan, suite au rapprochement des Tribus de la mer du bord du monde grâce aux relations exceptionnelles entretenues avec les passeurs de lave.
Signes distinctifs
Du fait de l’humidité et des émanations de gaz, les gens de Tourbebrune ont souvent des blessures mal soignées ou des excroissances de peau. De fait, leur apparence contraste largement avec leur tempérament.
Le noir et le rouge vif sont les couleurs du royaume, celles qu’arborent les membres de la famille royale, mais aussi tous ceux exerçant une charge officielle au sein du royaume. La population préfère des tons brun et ocre des tourbières.
Organisation sociale
Les habitants de Tourbebrune, à l’instar de sa famille régnante, étaient un peuple empli de compassion, prêt à accueillir ceux que les autres rejetaient. Cependant, depuis la mort de la famille royale, et les diverses guerres qui ont secoué le contivent, tout le pays a connu un même effet de repli sur lui-même. Il convient de distinguer deux types de personnes parmi les habitants de Tourbebrune, les habitants des tourbières et les habitants du marais.
Les habitants du marais se déplacent sur des barques à fond plat, à l’aide de grandes perches. A bord de celles-ci, ils chassent une espèce d’énorme crapaud-buffle. Ces animaux sont autant recherchés pour leur viande nourrissante que pour leurs bajoues utilisées pour la capture du gaz. Ils entretiennent également des jardins flottants, où les larges constructions de roseaux sur lesquelles un riche mélange de boue des marais et de tourbe fournissent un sol propice à la culture, qui sont de petits édens de verdure et d’air respirable au sein du marais.
Les habitants des tourbières sont pour la plupart tourbiers ou gardes-serpents. La Garde-Serpent constitue à la fois un corps d’armée et un contingent de guides, protégeant à la fois les marais des étrangers, mais également les étrangers du marais. Depuis l’acceptation des rorkals et surtout le fait que ceux-ci ne soient pas affectés par les afflictions des marais, l’écrasante majorité de la garde en est constituée, rajoutant encore à leur aspect serpentin. Nombreux sont les enfants des tourbières à espérer porter le rouge et le noir au sein de la Garde. Plutôt cela que de passer son temps les pieds dans la boue à façonner les briques de tourbe, qui séchées fourniront un précieux combustible pour l’hiver.
Depuis les cinq cent années précédentes, beaucoup de choses ont changé. En effet, la famille royale s’est éteinte. Le Roy Maëliss Vortirain s’est marié avec une Passeuse de lave, une intendante, mais également la sœur de Mehina N’Go, ainsi qu’une étrangère comme le voulait la tradition. Les passeurs étant respectés partout sur le contivent, tout le monde à Tourbebrune a salué le choix d’un tel parti. Le mariage s’est rapidement suivi d’une naissance, et s’est encore plus naturellement qu’a été choisie la préceptrice de cet enfant Maatmoïra, passeuse de lave. . Seulement, huit ans plus tard, la maladie a emporté l’enfant loin de ses terres, lors d’un voyage en territoire golygydd. Pour le peuple, très concerné par la lignée royale, ce fut un coup dur. La lignée n’était pas pure et aurait entaché celle des Vortirain, les menant à leur extinction.
Une autre branche de la population s’est créée, avec les passeurs ou plutôt chez les passeurs. Les rorkals, cette race née d’une mutation pour certains, une évolution pour d’autres, de la peau humaine. Les gens de Tourbebrune ont toujours été ouverts et plein de compassion, et au final, leur intégration s’est faite tout naturellement. Malgré leur difformité du fait de leur peau, ils restent des membres à part entière de la communauté.
Religion
La vénération des ancêtres est au centre des croyances de Tourbebrune. Ils sont ceux à qui l’on doit la vie, la connaissance et les savoir-faire. Vortirain, fondateur du Royaume et sauveur de Serpentine, est le plus révéré d’entre eux. Ainsi, comme le marais le fit autrefois avec Vortirain, les morts sont embaumés dans la tourbe puis au bout de quelques mois, ressortis et exposés tels des reliques dans le temple lors de grandes célébrations.
La dévotion envers leurs aïeuls prend d’ailleurs corps non seulement lors des grandes célébrations mais aussi quotidiennement. Chaque maisonnée possède ainsi un petit autel dédié aux siens et il est de coutume de venir demander conseils lors des grandes décisions.
Le mariage est un cas particulier dont l’office revient à la caste des Lieurs de Lignées. Les habitants de Tourbebrune font en sorte de mélanger le sang des villages, notamment entre ceux des tourbières et ceux des marais. Pour marquer ces liens entre les familles, une fois que deux lignées sont liées, les époux échangent des bouts de corps de leurs ancêtres, en général, le plus ancien ou le plus respecté. Au fil du temps et des mariages, cela a donné aux habitants un fort sentiment de lien entre eux, chaque famille se sachant liée aux autres. Tourbebrune est donc un royaume très uni. A noter, que dans les petits villages, les rôles de Gardien des Ancêtres et de Lieur de Lignées ne sont souvent tenus que part une seule et unique personne.
La population révère aussi avec crainte Azuroth, la pourvoyeuse d’âmes, celle qui décompose les cadavres afin de dégager l’âme des défunts et de les accompagner dans les limbes. Azuroth est une déesse à la limite de la démence, mais en tout cas très proche du paradoxe. Elle fauche la vie et veille jalousement sur les âmes des morts, à la fois bourreau et pleureuse. Aucun temple ou prêtre ne lui est dédié et c’est pour lui soustraire les ancêtres qu’on les embaume, liant leur corps et leur esprit au plan des vivants. Des offrandes lui sont néanmoins faite à chaque grande cérémonie pour calmer sa colère de se voir retirer la tâche qui lui revient de droit. Les rites entourant les décès sont nombreux.
Depuis les cinq cent dernière années, d’autres dieux sont respectés. Initialement non vénérés comme les ancêtres, certains des rituels et coutumes des gens de Tourbebrune existaient pour leur rendre hommage, et notamment envers Urugan, le défiguré. Urugan est le dieu des malades, infirmes et repentis. Il est dit qu’Urugan a le don de guérir et d’apaiser les douleurs du corps et de l’âme. Bel éphèbe à l’origine, il fut battu par Kerrag et Kreoss, jaloux de sa beauté, qui le laissèrent infirme et difforme. Urugan ne leur en voulu pas et estima que son attitude arrogante était à l’origine de ses tourments. Il est un dieu bon et l’une des incarnations du pardon. Il est souvent invoqué avec Kreoss, né difforme et rejeté par sa mère, la cruelle et monstrueuse Aegea. En effet, beaucoup d’enfants naissent difformes ou morts nés.
Devant l’éloignement des ancêtres considéré par certains, les gens des Marais se sont tournés plus intensément vers ces deux dieux, et un culte commence à émerger. Pour le moment, composé en grande partie gens de Serpentine, il ne tardera pas à se répandre dans tout le pays, déjà bien favorable à ces deux icônes protectrices et bienveillantes.
Enfin, Tourbebrune est une terre de superstitions et de légendes. Innombrables sont les histoires sur les sorcières des marais, les monstres de vase et autres prédateurs invisibles venant de « dessous » le contivent. Une bonne partie n’est sans doute qu’un ramassis de contes pour enfant mais cela n’empêche pas la population d’arborer plein de colifichets protecteurs et de connaitre mille petites pratiques pour chasser le mauvais œil, juste au cas où.
Economie, secteur d’activité principal
Le gaz est l’élément que l’on utilise dans des décoctions mais surtout comme puissant narcotique. Les capteurs de gaz parcourent les marais sur leur barque à la recherche de bulle de gaz en formation afin de pouvoir le capter grâce aux bajoues de crapaud-buffle.
Le gaz a également des effets euphorisants, ou d’autres plus radicaux une fois transformé correctement. Malgré une économie assez renfermée, les cours et les nobles des pays extérieurs en sont friands et n’hésitent pas à payer le prix pour en obtenir.
La brique de tourbe constituant un excellent combustible, simple à stocker et transporter, c’est l’autre produit essentiel des échanges avec les autres contrées. Malgré la présence de nourriture abondante dans les marais, les habitants de Tourbebrune ont énormément de mal à la conserver à cause de l’humidité du marais. Pour pallier ce problème, ils commercent avec les Passeurs de Lave pour avoir du sel venant de la Mer du Bord du Monde et ainsi pouvoir conserver la nourriture. Par chance, depuis le tout dernier mariage royal, les Passeurs forment un groupe de la société à part entière et ont un quartier à Serpentine.
Les maux de Tourbebrune
Depuis qu’ils ont suivi le Serpent pour s’installer dans les marais et les tourbières, les habitants ont connu les désagréments et maladies de cet environnement humide et que la plupart des étrangers qualifient d’insalubre. Mais le sang des suivants de Vortirain est fort et en quelques générations, il s’était endurci. Certes les affections et autres lésions de la peau sont choses courantes, donnant sans doute naissance aux légendes de sorcières des marais, mais cela n’empêche pas le royaume et sa population de prospérer. Depuis que la famille royale s’est éteinte, l’obsession des lignées fortes s’est renforcée, et ainsi les familles présentant beaucoup d’enfants difformes, ou des cas de maladies chroniques ont des difficultés à trouver de bons partis, ce qui entraîne une chute de la démographie.
Personnalités importantes
Le Régent, Otis Wyl
Le régent en place. Descendant direct du plus proche ami de feu le Roy Maëliss Vortirain, il est juste et ferme, de même que très ouvert d’esprit. Très peu de personnes ont pu avoir affaire à lui directement donc tout ce que l’on pourra dire ou écrire sur lui sera sujet à controverse.
Le Maître Serpent
Kamen, élevé dans la plus pure tradition des Maîtres Serpent, dût se résoudre à gérer la crise la plus importante concernant les croyances des marais lorsque certains villages commencèrent à rapporter que leurs ancêtres disparaissaient. Pourtant il est toujours resté fidèle aux ancêtres et ne voit que d’un très mauvais œil la ferveur de certains croyants, que ce soit envers Urugan ou Kreoss.
La Prêtresse de lave
Lihuata est la représentante de Georg à Serpentine, elle arbore un sourire radieux en chaque occasion. Pourtant il ne faut pas s’y tromper elle sert avant tout les passeurs de lave et son amour pour les habitants des marais ne pourrait aucunement entacher sa dévotion envers Georg.
Perception du royaume par les autres royaumes
Les autres royaumes perçoivent avec un certain a priori les gens de Tourbebrune. Il y a même certains parents qui, pour faire peur à leurs enfants, leur racontent qu’ils vont les abandonner près du marais afin qu’une femme hideuse puisse les récupérer. Les pratiques des Lieurs de Lignées ne font que renforcer cette image et certains étrangers vont même jusqu’à parler de nécromancie…
Armes et objets de prédilection
Des armes courbes telles le tulwar, la sarbacane sont privilégiés par les habitants du marais avec des flèches dont la pointe est enduite de venin de serpent. Drogues et poisons sont presque un métier national. Toute personne de Tourbebrune peut citer au moins une dizaine de drogues et poisons différents, de même que la liste complète de la préparation des antidotes qui vont avec.