Rendre hommage à Pyldor – PA§1


La réunion des enfants de Pyldor se tient actuellement. Dans une immense pièce, des enfants, des femmes, des hommes sont rassemblés. Un peu tout le monde, beaucoup de rires, beaucoup de discussions. Quelques groupes commencent déjà à chanter. J’ai eu la chance de me faire inviter à une de ces séances alors que je me rendais dans l’un des bains principaux du pays. Une jeune femme n’y travaillant pas, mais à la cuisse légère, m’a accueilli chez elle et m’a parlé un peu de cette communauté.

J’étais trop curieux de découvrir ce qui pouvait se passer ici … c’était une nouvelle religion qui se créait… Dans un pays comme Taleseaux où les maîtres de l’abîme sont à ce point vénérés, j’avais du mal à envisager que d’autres cultes existent et soient tolérés aussi légèrement. Ma compagne d’une semaine m’a expliqué rapidement la situation. Beaucoup de gens vont et viennent dans les bains. Les Rorkals, par exemple, sont des curiosités exotiques qui attirent les clients en manque de sensations fortes. Or, ces gens, pour certains, ne vénèrent pas du tout les mêmes dieux que ceux du clergé séculier. De fait, la conduite générale, au final, est que chacun est libre de vénérer qui il veut, tant qu’il le fait discrètement chez lui et qu’il se rend aux offices rendus à Aegea et Kerrag. Quand je pense au Tribunal en Ventedru, et à ce pauvre homme qui a été traîné derrière un chariot après avoir eu les articulations brisées pour avoir été surpris en train de prier Pyldor, le contraste me surprend. Etrange, d’ailleurs, qu’un pays aimant tellement ses dieux rejette leur fils avec autant de hargne.

Très surprenant également, c’est l’attitude d’Ormsaint vis-à-vis de ce culte. Alors qu’ils sont réputés faire preuve d’encore plus de prosélytisme qu’à Ventedru, ils ont décidé d’accueillir la tête du culte au nom de l’asile politique face à un massacre barbare. Je me demande bien comment les fanatiques d’Azuroth font avec ce culte tourné vers la famille et le chant …. Je me rendrai peut être là-bas pour voir.

Ici à Taleseaux, la vie au sein du culte semble être douce. Beaucoup des artistes du pays y ont adhéré au nom de la fibre artistique. L’ambiance semble gaie et rieuse. Je vois au fond quelques couples qui s’embrassent et finissent par s’enlacer dans une étreinte à la foi fougueuse et rythmée.

Voilà la prêtresse qui s’avance. Vêtue très légèrement, elle semble jeune. Sa voix, claire et cristalline, s’élève jusqu’au plafond de la pièce. Le silence se fait immédiatement. Tout le monde se rassemble, couples, femmes, vieillards, prostituées, guerriers… Tous ceux qui sont venus prier et partager. La voix de la prêtresse s’élève. Sa beauté, sa justesse me prennent aux tripes. Sans que je ne m’en rende compte, mes joues s’humidifient, ma gorge se serre. Puis, sans signes avant-coureurs, une voix, deux, dix, s’élèvent. Certains sourient et ne chantent pas, d’autres semblent déjà en transe. Tous sont en cercle, les mains jointes à celles des autres. L’air entre en vibration.

La cérémonie a duré une demi-heure. Ensuite, les gens se sont séparés. Un groupe d’artistes, les plus nombreux dans l’assemblée, sont restés ensemble et ont commencé à sortir leurs instruments et improviser un morceau. La soirée s’est terminée ainsi, un feu a été allumé dehors et tout le monde a partagé sa pitance, a dansé, a mangé… Comme une grande famille sous le regard bienveillant de la prêtresse qui surveillait, un sourire mystérieux sur les lèvres.

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