Jour 23 du mois des conquêtes.
Partout où mon regard se pose, je ne vois que mort et désolation, des hommes comme des femmes, des golygydds comme leur proie, tous entrelacés dans la mort… Je ne peux me résoudre à les laisser ainsi, surtout les enfants.
C’est ainsi que je me retrouve en train de poser des cailloux sur les corps pour éviter que des charognards ne les tuent un peu plus ou que d’autres ne meurent… je ne sais pas encore, je ne sais plus… j’en ai tellement vu en si peu de temps. Autant de lieux différents pour voir les mêmes scènes se répéter… inlassablement.
Il faut se souvenir de ce temps, comme des autres, la vie était belle, je m’en souviens. Elle ne l’est plus, je le sais.
Je ne suis ni golygydd ni de Ventedru, et pourtant Lorwin me fait autant souffrir que si je faisais partie de son peuple ou de ses ennemis. Je ne peux me résoudre à accepter ce retour des dieux, pour ce qu’ils font subir aux autres.
Mais la route est longue encore, et il faut vraiment que je trouve un autre point d’eau, celui-ci est responsable de trop de perte…
Jour 26 du mois des conquêtes
Cela fait maintenant trois jours que j’ai quitté mon dernier point d’eau. Je n’ai pas repris la plume depuis, si peu de force dans mon corps. J’ai bien fait de me rationner, et malgré cela je pense que je commence à perdre pied.
Je les entends me murmurer sans que je ne comprenne leurs mots. Dès que je ferme les yeux, je vois leurs regards vitreux se poser sur moi. Je savais que je n’aurais pas dû toucher à cette eau !
Maintenant j’entends des râles… écrire me réconforte, mais ne m’aidera pas contre eux.