Les vents de Ventedru – PA§1


En sortant des marais, j’ai poursuivi ma route vers le nord. Je voulais savoir si les aigles de Malpic sont aussi monstrueux que ce que l’on raconte. Mon soulagement fut grand lorsque, quittant les fondrières, je retrouvais un grand ciel pur et des plaines balayées de vent et de lumière. Quelle résurrection après un long séjour dans l’air lourd, sombre et humide des marais !

Mais le chemin à parcourir était long, et j’étais à pied. J’amorçai mon chemin vers les pays frontaliers, quand, soudain, venant de l’horizon, je vis une grande voile qui progressait vers moi. Après le premier choc d’apercevoir une voile là où il n’y a pas de mer, je dû bien me rendre à l’évidence et accepter que cette chose étrange ne soit pas un mirage né de mes fantasmes.

La voile était en réalité un immense chariot à roulettes, poussé par les vents et mené par un homme étrange au visage recouvert d’un tissu. Celui-ci, après m’avoir aperçu, obliqua dans ma direction. Après quelques mots échangés, il me proposa généreusement de me prendre à son bord lors de son trajet, et moyennant un coup de main apporté au sein de son équipage, il me déposerait, plus tard, à la fin de son expédition, à la frontière de Tombelhiver . Estimant là une chance de découvrir un peu cette étrange embarcation, et voir un peu plus de ce pays constitué d’une gigantesque plaine de joncs, j’acceptai avec plaisir.

Durant le trajet, j’ai, plus d’une fois, pesté contre ce choix hasardeux de ma part. Mon généreux compagnon de route s’avérait être un dangereux suicidaire. Plus tard, j’apprendrai plus en détail ce que sont les chasseurs de tornades, mais sur le coup, j’eu bien cru avoir affaire à une personne ayant décidé de rejoindre le froid girond d’Azuroth, comme ils l’appellent, en emportant son chariot et ses subordonnés avec lui. J’ai vu trois tornades de l’intérieur, et j’ai cru mourir six fois. Au moins.

Plus on approchait de la chaîne de montagnes séparant les Hauts Plateaux du Pays des Brumes, plus les vents et les tornades se faisaient forts et violents.

Maintenant au pied des montagnes, je comprends leur présence. Le paysage est démentiel, une véritable déchirure dans les cieux. Les montagnes vomissent en permanence des coulées de lave et des panaches de fumée noire chargés de cendres, de poussière et de souffre. Elles sont tellement nombreuses que, par endroits, le ciel est d’un tel noir d’encre que le soleil ne passe plus. J’ose à peine imaginer ce qui est capable de survivre sous une telle chape de plomb.

Face à un tel spectacle, je ne comprend pas que Ventedru soit un tel pays empli de lumière et à l’air si pur, mitoyen de cet enfer, jusqu’à ce qu’une tornade ne surgisse de nulle-part et ne balaie les cieux. Les membres d’équipage trépignaient, pas de peur, mais d’impatience. Toutefois, le mât principal ayant souffert de la dernière incursion dans une des petites sœurs du monstre venteux que j’ai sous les yeux, le chariot est au repos forcé, ce qui me laisse ainsi la chance de pouvoir admirer ce prodige de la nature bien en sécurité et surtout… de loin.

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