« -Assieds-toi voyageur à la peau bleue. Tu as donc cette affreuse maladie de peau toi aussi ? Cela est-il douloureux ? Mais je manque à la plus élémentaire règle de l’hospitalité. Je me nomme Briac, et je suis le Plentyn en exil de la Cyntaf. Et toi voyageur quel est ton nom ?
-Je me nomme Narlack et je vais justement voir Gaer Ectalis de mes propres yeux.
-Que viens-tu faire dans ces terres désolés par la guerre avec les royaumes du sud ?
-Je suis à la recherche de l’histoire du monde et je pense que tu peux beaucoup m’en dire, disciple d’Efryr noire Corneille. »
A cette affirmation, les yeux de Briac s’écarquillèrent, il ne se doutait pas d’être aussi connu. Et son maître était maintenant mort depuis longtemps.
« -Il m’avait prévenu que tu étais méfiant, mais il m’a aussi dit que tu en apprendrais plus que quiconque sur l’origine des dieux et des contivents. Je suis donc là, au crépuscule de ta vie afin que ton savoir ne se perde pas pour tous.
-Dans ce cas-là écoutes bien, jeune homme. »
Sur ces paroles Narlack raviva le feu, sortit un parchemin et une plume, puis attendit que le vieux sage se décide enfin à parler.
« En ces temps immémoriaux, nuls rorkals, humains, centaures ou animaux n’existaient. Les entités primordiales s’ennuyaient et décidèrent de créer les contivents. Le père de tous les Dragons, Siann engendra le feu et la terre. La mère de toutes choses, Rieni engendra l’eau et l’air. Rieni parla pendant des éons avec Siann, de leur amour naquirent les contivents, de leur passion naquit l’Ether, et de leur dispute naquit le néant.
Dans un accès de fureur Siann détruisit Rieni, mais décidant de la protéger au dernier moment, il forma de son corps une gangue ultime de terre et feu entourant un lac d’eau parcouru par les vents.
L’essence de Rieni dispersée fut transportée par l’éther pour rejoindre chaque contivent, comme une mère rejoint ses enfants. Siann poursuivit chaque parcelle de Rieni en envoyant son essence vagabondée au grès des courants, et lorsque les deux entités se rencontraient de nouveau sur un symbole de leur amour, leur nouvel union engendrait alors une jeune pousse, puis plusieurs et enfin la vie naissait sur chaque contivent.
Sur chaque contivent des dieux vinrent se présenter à leurs fidèles, et ainsi les guidèrent. Comme tu peux le voir il y a autant de contivent que d’étoiles dans le ciel, et elles ne se touchent jamais.
Cependant depuis maintenant quelques millénaires des contivents ont ainsi pu s’amalgamer et former le nôtre. De souvenir d’homme le dernier cataclysme date d’il y a environ 600 ans, et entraîna un exode de notre peuple vers le nord, Vaelrys à sa tête, mené par notre dieu Leiff le centaure.
Réminiscence du passé comme nous avons pu l’apprendre grâce aux passeurs de lave, avant qu’ils n’habitent dans cette citadelle de lave inaccessible. Krum, le fougueux et mon maître ont pu voir une peinture datant d’avant le grand cataclysme. Elle représentait un centaure sous un arbre en fleur en train de contempler nos montagnes jumelles, et entre les deux, un gouffre.
Je suis persuadé que les cataclysmes vont continuer, regarde d’ailleurs ces étoiles et leurs trajectoires, l’une d’entre elles pourrait sans doute rentrer en collision avec nous et ainsi agrandir les terres de chasses.
La vraie question n’est pas si cela va encore arriver, mais pourquoi cela arrive-t-il ?
Je suis fatigué. Mangeons maintenant je te pris. »
Narlack s’exécuta et servit le vieil homme, qui ne se réveillerait plus après cette discussion, car il y a des histoires qui ne peuvent être contée à tous.